Camille Saint-Saëns (1835-1921)
L’assassinat du duc de Guise, Op.128
Entracte musical – Surprise !
Gilles Grimaître (*1988)
L’assassinat du duc de Guise, création
Note d’intention:
“ Pour inaugurer cette saison autour du cinéma, la Camerata Ataremac propose une plongée dans les débuts de la musique à l'écran avec la projection d'un film emblématique de l’histoire cinématographique.
Au commencement, la musique était jouée devant les théâtres pour attirer le public, puis elle a progressivement intégré les salles pour masquer les bruits du projecteur et de l’auditoire. Initialement, un piano ou un petit orchestre improvisait ou interprétait des morceaux existants sans lien particulier avec ce qui se déroulait sur l’écran. Avec le temps, la musique a acquis une fonction d'accompagnement des images, devenant ainsi plus essentielle dans l’expérience cinématographique.
André Calmettes, acteur et réalisateur, fut le premier à envisager la création d'une musique originale pour son film muet L'assassinat du duc de Guise, sorti en 1908 d'après le scénario de Henri Lavedan. C'est le compositeur Camille Saint-Saëns qui réalisa cette première bande sonore originale. À l'âge de 78 ans, il la dédie à son ancien élève, le compositeur et critique musical Fernand Le Borne.
Cette suite pour instruments à cordes, piano et harmonium montre la capacité d'adaptation de Saint-Saëns à une contrainte particulière : celle d’illustrer l'intrigue en une introduction et cinq tableaux, le tout en 18 minutes. Il réussit à synchroniser les sons avec le déroulement du film, où les thèmes, plus succincts, sont fréquemment entrecoupés par des effets sonores destinés à renforcer l'impact visuel. À l'époque, cette musique n'est pas pré-enregistrée mais bien interprétée en direct lors des projections.
Ce film marque un tournant dans l'histoire du cinéma français et fait partie des premiers à rencontrer un succès international. Le cinéma muet prendra, à partir de ce moment-là, une autre dimension : les films connaîtront pendant une trentaine d’années, une musique d'accompagnement, un bonimenteur, ou même parfois des synchronisations avec des acteur·ices ou des chanteur·euses caché·es derrière l'écran pour donner plus de vie aux projections.
Parallèlement, une commande a été passée au compositeur et pianiste suisse Gilles Grimaître, qui composera une bande originale pour le même film, présenté en seconde partie de concert. Cette approche vise à mettre en lumière l'influence de la musique sur l’image et permettra aux spectateur·ices d'observer comment elle façonne la perception du récit. “